Crues torrentielles

Le phénomène de crue

Les crues entraînent un transport d'eau, mais aussi de matériaux solides. Elles font évoluer le cours d'eau et peuvent provoquer des dégâts notamment par affouillement, mais également par engravement ou submersion.

Elles sont fonction de la nature des précipitations, de leur intensité et de leur durée, mais également des conditions initiales au sein du bassin versant telles que :

  • la saturation des sols en eau et la présence de neige, influant sur l'infiltration ou le ruissellement et par conséquent sur le temps de transfert de la pluie vers les cours d'eau,
  • le niveau préalable des cours d'eau en lien avec les pluies saisonnières ou la fonte des neiges au printemps.

Les conditions de température influencent également la nature des précipitations.

Déposer sous forme de neige, l'eau rejoindra alors l'Ubaye un peu voir beaucoup plus tard. Parfois la fonte des neiges s'accentue avec l'arrivée de la perturbation et une remontée de température. Le nouveau volume d'eaux de fonte s'ajoute alors à celui des précipitations en cours.

De manière générale, les pentes fortes de ce bassin alpin entrainent des écoulements très rapides et des crues particulièrement dangereuses et dévastatrices. Les systèmes d'alerte sont confrontés à la difficulté d'un temps de concentration rapide (6h à Jausiers et 8h à Barcelonnette pour l'Ubaye, moins d'une heure par exemple pour la crue du torrent d'Abriès à Jausiers du 24 juillet 2019).

Deux types de crues sévissent sur le bassin-versant : 

  • les « retours d'Est » provoquent des précipitations fortes durant plusieurs jours, le débit de l'eau et le transport de matériaux sont augmentés surtout dans l'Ubaye et ses principaux affluents, elles sont peu fréquentes mais de grande ampleur (1957), les crues de l'Ubaye ont principalement lieu à l'automne et au printemps
  • les orages d'été, très intenses mais brefs et localisés, génèrent des crues brutales sur les torrents pouvant former un écoulement de laves torrentielles (mélange boueux d'eau et de matériaux).

Retour d'Est : dépression située sur la Méditerranée qui fait remonter des masses d'air chaudes et chargées en humidité par le Sud. Poussées par le vent nommé Lombarde, et rencontrant les premiers reliefs du Piémont italien par la plaine du Pô cet air s'élève, se condense, se refroidit et gagne encore plus en humidité. Par conséquence, des précipitations très soutenues se déversent sur les massifs notamment de l'Ubaye avec une circulation d'Est en Ouest (neige ou pluie selon la saison).

 

Spécificité des laves torrentielles

Les laves torrentielles se forment suite à un phénomène orageux ou une fonte des neiges brutale. Les versants d'adret sont les plus sensibles (forte amplitude thermique en haute montagne, fracturation des roches sous l'effet gel-dégel qui fournit une abondante charge de matériaux aux torrents). 

Ces phénomènes sont localisés sur le bassin versant. Ils peuvent néanmoins concerner un seul ou plusieurs torrents. Ils sont présents sur un grand nombre d'affluents dont les plus connus sont le Riou Bourdoux, l'Abéous, ou encore les torrents de Faucon, des Sanières, du Bourget, des Thuiles. Pour ces torrents les volumes de matériaux transportés lors d'un évènement centennal se situent entre 100 000 et 200 000 m3. Il a également été relevé ce type de phénomènes sur le Riou Sec en Haute Ubaye et sur des affluents du rive droite du Grand Riou de la Blanche tel que le torrent du Chastel ou des Clarionds, ou encore sur le torrent de la Frache à Jausiers.

Historique des crues

Les épisodes les plus marquants se sont déroulés en 1843, 1856, 1868, 1920, 1957, 1963, 2008. Ces grands épisodes de crues, ayant certainement une cause à caractère météorologique « régional », apparaissent principalement pendant l'automne et à la fin du printemps. La crue de référence reste celle de juin 1957. Elle a marqué les esprits par son ampleur et l'importance des dégâts engendrés. Plus récemment, l'inondation de mai 2008 reste également une crue marquante, qui n'a heureusement engendré que peu de dégâts.

En 2008 : routes endommagées (Meolans-Revel, Saint Paul-sur-Ubaye), ponts détruits (Saint Paul-sur-Ubaye), affouillés/endommagés (Faucon-de-Barcelonnette, Jausiers, Larche), digues de protection détruites (La Condamine-Châtelard, Larche, Meyronnes, Saint Paul-sur-Ubaye) et réseau d'eau potable détruits à Saint Paul-sur-Ubaye, berges érodées (Saint Paul-sur-Ubaye), berge effondrée (Jausiers),… (Source : Base de données RTM).

Concernant les laves torrentielles, de récents événements ont marqués les esprits de par leurs ampleurs et les dégâts engendrés. Ainsi, on peut citer la crue du torrent de Faucon le 5 aout 2003 qui toucha plusieurs habitations ou encore la crue du torrent de l'Abéous le 30 juin 2009 qui déstabilisa un pont ou celle du Riou sec le 21 juillet 2015 qui a détruit le pont de la RD902.

Dans une moindre ampleur, ces phénomènes se sont répétés sur le Riou Sec en 2016, sur le torrent de Faucon en 2018 et sur l'Abéous en 2019. Les conséquences ont été plus limitées du fait des phénomènes plus réduits mais aussi d'aménagements réalisés.

Entre ces épisodes majeurs, l'Ubaye et ses affluents connaissent des crues plus habituelles avec des débits déjà conséquents. Les vitesses de courant sont élevées. En complément d'un volume général de sédiments charriés importants, des blocs de plus grandes tailles peuvent se déplacer. Une surveillance régulière des cours d'eau s'impose au niveau des zones à enjeux inondation pendant et après ces crues.

Différentes mesures permettent de limiter les problèmes liés aux crues torrentielles. La meilleure solution et la moins onéreuse consiste à préserver les espaces de mobilité des cours d'eau et à prendre en compte les aléas torrentiels dans l'aménagement du territoire. Il est également nécessaire d'assurer le suivi et le confortement des ouvrages de protection existants. Un système d'alerte et une organisation associée permettent également de réaliser une mise en sécurité de la population. Chacun a son rôle à jouer, aussi l'information préventive auprès de la population du territoire et touristique sur la connaissance du risque et les bons réflexes à adopter est complémentaire.

Dans tous les cas, une bonne connaissance des phénomènes, de l'évolution des cours d'eau, de la situation des infrastructures existantes et de leur vulnérabilité, des limites des ouvrages de protection est importante.